Fonds euros : le support d'investissement sécurisé de l'assurance vie

Les fonds en euros sont le support d'investissement phare et historique de l'assurance vie et des contrats de capitalisation en France. Alliant sécurité du capital et rendement régulier, ils séduisent de nombreux épargnants à la recherche d'un placement stable. Cependant, dans un contexte de taux bas et d'inflation, leur attractivité est questionnée.

Zoom sur le fonctionnement des fonds euros, leurs avantages et inconvénients, ainsi que les perspectives à venir pour ce placement historique des Français.

Rappelez-vous avant d'investir :

Les performances passées ne préjugent pas des performances futures.

Les montants investis sur des supports en unités de compte et sur les supports en parts de provision de diversification supportent un risque de perte en capital. Ils ne sont pas garantis par l’assureur et sont sujets à des fluctuations à la hausse ou à la baisse dépendant en particulier de l’évolution des marchés financiers.

Un fonds en euros est un support sur lequel l'épargnant investit au sein d'un contrat d'assurance vie ou de capitalisation. Il se distingue des unités de compte (actions, immobilier, EF...) par le fait que le capital investi est garanti par l'assureur à tout moment. Chaque année, des intérêts s'ajoutent au capital de façon définitive grâce à l'effet cliquet : c'est la participation aux bénéfices.

Les sommes placées sur le fonds en euros sont investies par l'assureur sur les marchés financiers, principalement en obligations d'État et d'entreprises réputées sûres. Une petite part peut être investie en actions, immobilier et produits monétaires pour dynamiser la performance. La composition exacte varie d'un assureur à l'autre mais respecte des règles prudentielles strictes.

Le rendement servi chaque année dépend donc des revenus générés par ces actifs sous-jacents, nets des frais de gestion prélevés par l'assureur (autour de 0,5% en moyenne). Il est annoncé a posteriori, au début de l'année suivante. L'assureur s'engage sur un nombre de parts mais pas sur leur valeur, qui évolue en fonction des résultats de sa gestion financière.

Le principal atout des fonds en euros est la sécurité du capital investi. Même en cas de crise financière ou de mauvaise performance des marchés, l'épargnant est certain de récupérer son épargne. C'est une différence notable avec la plupart des placements non garantis comme les actions.

De plus, les intérêts générés chaque année sont définitivement acquis grâce à l'effet cliquet. Le capital ne peut donc pas diminuer d'une année sur l'autre, sauf cas exceptionnel de faillite de l'assureur. Aucun risque de perte n'est pris.

En contrepartie de cette sécurité, le rendement des fonds euros est relativement faible comparé à des placements plus dynamiques. Il suit globalement le niveau des taux d'intérêt, en baisse depuis plusieurs décennies. En 2024, le taux moyen était de 2,5% contre plus de 4% au début des années 2000. Ce rendement est souvent juste suffisant pour compenser l'inflation.

Par ailleurs, pour inciter les épargnants à diversifier leur contrat, de nombreux assureurs mettent en place des bonus de rendement conditionnés à un minimum d'investissement en unités de compte plus risquées. La performance du fonds euro seul n'est donc pas toujours suffisante pour juger de son intérêt.

Si le principe général des fonds en euros est le même, il existe en réalité plusieurs types de fonds aux caractéristiques différentes. La distinction la plus courante oppose les fonds "classiques" majoritairement investis en obligations et les fonds "opportunistes" ou "dynamiques" qui intègrent une part plus importante d'actifs risqués (actions, immobilier, etc).

Les fonds euros classiques offrent la sécurité maximale mais le potentiel de performance le plus faible. À l'inverse, les fonds opportunistes visent des rendements plus élevés en contrepartie d'une garantie en capital souvent limitée à 97-98% et de contraintes sur les versements. Leur actif comprend en moyenne 20% d'actions et d'immobilier.

D'autres catégories de fonds en euros existent comme les fonds immobiliers, investis majoritairement en actifs immobiliers (SCPI, SCI, OPCI), ou encore les fonds dits "euro-croissance" qui proposent une garantie du capital uniquement au terme d'une période de 8 à 10 ans pour viser une performance améliorée. Des innovations régulières visent à redynamiser ce placement.

Le rendement moyen des fonds en euros suit une tendance baissière depuis plus de 20 ans, dans le sillage de la chute quasi-continue des taux d'intérêt. Il est passé de 5% au début des années 2000 à seulement 1,3% en 2021, un plus bas historique. Un rebond a eu lieu en 2022 avec un rendement moyen de 1,9% qui s'est confirmé en 2024 à 2,5%.

Cette remontée est directement liée au changement de politique monétaire des banques centrales pour lutter contre l'inflation. La BCE a fortement relevé ses taux directeurs, entraînant une hausse générale des taux obligataires. Les assureurs ont pu réinvestir sur des obligations plus rémunératrices, dopant le rendement des fonds euros.

Cependant, cette embellie pourrait n'être que temporaire. D'abord car les assureurs détiennent toujours dans leur portefeuille de nombreuses obligations anciennes peu rentables. Ensuite car la remontée des taux incite les épargnants à se tourner vers d'autres placements sans risque comme les livrets réglementés. Pour rester compétitifs, les assureurs devront puiser dans leurs réserves, ce qui pèsera sur les rendements futurs.

La fiscalité est l'un des principaux atouts de l'investissement en fonds euros via l'assurance vie. Pendant la phase d'épargne, les intérêts générés ne sont pas soumis à l'impôt. Seuls les prélèvements sociaux de 17,2% sont prélevés chaque année. En cas de retrait après 8 ans, un abattement fiscal de 4600€ (9200€ pour un couple) s'applique.

De plus, en cas de décès de l'assuré, le capital transmis aux bénéficiaires désignés est exonéré de droits de succession jusqu'à 152 500€ par bénéficiaire. Au-delà, le taux de taxation est de 20% jusqu'à 852 500€ puis 31,25%. Un atout notable pour la transmission de patrimoine.

Cependant, les retraits sur un contrat de plus de 8 ans sont soumis soit au prélèvement forfaitaire unique (PFU) de 30% (dont 17,2% de prélèvements sociaux), soit au barème progressif de l'impôt sur le revenu, si c'est plus avantageux. Le PFU a rendu la fiscalité de l'assurance vie un peu moins attractive pour les foyers fortement imposés.

Malgré la baisse tendancielle de leur rendement, les fonds en euros conservent de nombreux atouts et restent un pilier de l'épargne des Français. Dans un contexte économique et géopolitique incertain, leur promesse de sécurité du capital est plus que jamais appréciée. Les récentes hausses de taux améliorent leurs perspectives de performance.

Pour autant, les fonds euros ont davantage vocation à être un socle de sécurité qu'un moteur de performance pour votre épargne. Sur un horizon de long terme, il est recommandé de n'y consacrer qu'une part limitée de son contrat d'assurance vie (30-40% maximum), en complément d'unités de compte mieux rémunérées.

Ouvrir son contrat auprès d'un assureur permettant d'accéder aux meilleurs fonds euros du marché reste important. Mais il faut aussi tenir compte de la qualité globale du contrat : frais, choix des supports en unités de compte, options de gestion, services associés... Une analyse personnalisée par un conseiller en gestion de patrimoine peut vous aider à faire les bons choix.

Si le modèle du fonds euro "à l'ancienne" montre ses limites, ce placement emblématique de l'assurance vie n'a pas dit son dernier mot. Les assureurs font preuve d'innovation pour le réinventer et l'adapter aux nouveaux défis : fonds plus dynamiques et diversifiés, mécanismes de taux boostés, garanties modulées...

D'autres évolutions réglementaires et fiscales sont envisagées pour redynamiser l'investissement vers l'économie productive. Le fonds "euro-croissance", bien que confidentiel, pourrait être réformé. Le gouvernement veut aussi développer l'investissement vers les PME-ETI et la transition écologique via des fonds à impact, dans une optique de finance responsable.

Une chose est sûre : même si son visage change, le fonds en euros a encore de l'avenir. Son principe de sécurité et de mutualisation des risques en fait un outil d'épargne précieux dans un monde de plus en plus incertain. À condition de savoir jouer la carte de la diversification et du conseil patrimonial sur mesure.